Votre enfant se lave plusieurs fois les mains sans raison ? Il refuse de porter son pantalon sous prétexte que le tissu a touché ses souliers sales ? Il rentre de l’école affamé n’ayant pas mangé sa tartine car ses mains étaient sales ?
Il s’agit d’un trouble obsessionnel compulsif répandu chez les enfants et jeunes adolescents.
Quelles solutions pour en sortir ?
Interview avec Dr. Michel NAWFAL, spécialiste en sante mentale (médecin et psychothérapeute (Thérapie Comportementale et Cognitive)).
Comment expliquer un trouble obsessionnel compulsif (TOC) de ce genre ?
Les troubles obsessionnels compulsifs sont très fréquents. A titre d’exemple, environ10% de la population des Etats-Unis sont concernés. Les symptômes débutent assez tôt pendant l’enfance ou l’adolescence et touchent plus souvent les garçons que les filles.
Le TOC est du à 3 raisons:
- Une prédisposition génétique avec d’autres cas dans la famille.
- Un environnement qui privilégie le contrôle sanitaire et le nettoyage répétitif.
- Une période de stress qui fait émerger plus facilement les symptômes.
Un traitement précoce garantit de meilleurs résultats. La thérapie cognitivo-comportementale (parfois accompagnée de la prise de médicaments) est la technique la plus recommandée pour surmonter ce problème.
Que dites-vous du complexe de propreté ?
Le complexe de propreté est l’un des troubles obsessionnels compulsifs les plus courants. Répandu chez les enfants et les adolescents, il est souvent lié à la phobie de vomir.
Les parents doivent rester assez calmes face à ces situations de stress car la colère et la volonté de convaincre à tout prix l’enfant de l’inutilité de ses actes ne fait qu’empirer les choses. Vous trouvez qu’il tombe dabs l’excès et passe son temps à ruminer sur la propreté ? Ne le punissez surtout pas. Les personnes souffrant de TOC ont tendance à vivre leur problème dans le déni sans demander de l’aide. Parfois l’obsession peut même prendre la forme d’une forte croyance très difficile à réfuter. Il faut rassurer le patient et lui expliquer qu’il est normal de se faire aider en consultant un spécialiste par exemple.
Il est utile de lui souligner les impacts négatifs de ce complexe qui influence sa vie de tous les jours à tous les niveaux (travail, relations familiales, etc…).
Ne faut-il pas tenter de raisonner l’enfant?
A cet âge l’enfant n’a pas encore acquis la maturité nécessaire pour analyser les raisons qui le poussent à se laver les mains en permanence. De plus il est souvent dans le déni.
Les parents peuvent donc juste lui expliquer que ses mains sont propres sans trop argumenter ou le forcer à changer de comportement.
Peut-être peut-on également lui attirer l’attention sur le fait que l’excès d’hygiène pourrait irriter sa peau.
Le but est donc d’informer l’enfant sans pour autant se disputer avec lui.
Quelles astuces aimerez-vous également partager avec les parents ?
Il est parfois bon d’essayer de distraire l’enfant pendant l’acte répétitif compulsif en lui proposant autre chose afin de briser le cycle de lavage des mains.
D’autre part, le TOC étant souvent héréditaire, d’autres membres de la famille (frères et sœurs) sont parfois concernés. Il est important de soutenir à la fois tous les patients sans opter pour des comparaisons. Par ailleurs, récompenser l’enfant qui fait des efforts pourrait inciter les autres à réduire le lavage répétitif.
Quelles sont les répercussions sur le cadre scolaire ?
Le trouble obsessionnel compulsive peut mener à l’échec scolaire. En effet, les pensées obsessionnelles distraient l’enfant et l’empêche de se concentrer sur ses devoirs et ses examens. Tout cela influence forcément son rendement. Peu d’enseignants et de parents sont au courant de l’importance de l’effet du « checking » répétitif sur les résultats scolaires des enfants. Il est donc important de créer une campagne de sensibilisation afin de pouvoir détecter le trouble et le traiter.
Dr. Michel Nawfal MD MA
Spécialiste en Santé Mentale
Médecin et Psychothérapeute
Thérapie Comportementale et Cognitive